Setlementti, Finland
Avant d’arriver en Finlande, je me représentais un pays vert et propre. J’associais volontiers le pays à la Suède en me représentant un peuple à partir des images, stéréotypes et traits culturels portés sur les questions environnementales, la pratique du vélo, les longues périodes de pénombre ainsi que les hivers très froids.
Plus récemment, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, une sensibilité nouvelle m’a saisie en raison de la proximité géographique de la Finlande avec la Russie menaçante et meurtrière avec ses voisins. Les relations entre ces deux peuples prennent aujourd’hui une dimension particulière et représentent un intérêt pour tous les Européens conscients de la nécessité de construire une identité collective sur des valeurs de paix et le respect des identités.
C’est dans ce contexte difficile, la tête pleine de représentations construites sur un imaginaire fantasmé que je me suis rendu, à Helsinki, pour participer à cette semaine d’échanges et représenter le réseau national centre social français.
Envoyé par la FCSF, j’ai intégré un groupe de professionnels provenant d’Italie, Espagne, Hongrie, Pays-Bas, Danemark, Allemagne et Suède pour prendre part à une étude de visite organisée par notre hôte, Setlementi, la fédération nationale finlandaise.
Pendant plus de deux ans, chacun de nos pays a organisé des accueils de délégations étrangères dans le cadre du projet “Fostering social Justice”, un partenariat stratégique européen du programme Erasmus+.
En 2021, nous avions avec ma collègue Darifa MAGHNOUJI (coordinatrice de la formation linguistique), Bilel DARDOURI, jeune bénévole engagé dans les projets de mobilités et Badera TINYALI, maman bénévole investie dans des projets innovants, ainsi que quelques stagiaires, organisé une journée de présentation de nos programmes et de partages sur nos pratiques dans nos contextes nationaux.
A la fin de la séance, l’idée de nous retrouver en visio le 9 mai, journée de l’Europe, est lancée afin de partager avec les habitants de nos organisations respectives un temps convivial, chacun dans son quartier, mais tous ensemble.
Sept mois plus tard, avec beaucoup d’envie et d’intérêt, je fais à mon tour mes valises pour vivre une expérience nouvelle avec nos collègues membres de l’ifs, notre fédération internationale.
Mes cinq jours dans la capitale suomo furent riches, intenses et lumineux. En effet, le début du mois de juin marque le lancement d’un été durant lequel le soleil prend ses quartiers dans le ciel du pays. A cette période, les Finlandais profitent de trois mois de beau temps avec plus de vingt heures d’ensoleillement par jour ! Les rues du centre-ville sont prises d’assaut et les animations nombreuses, contrairement aux dures journées d’hiver qui sont selon les témoignages recueillis synonymes de renfermement sur l’espace domestique voir d’isolement.
Ce repli sur soi, ou discrétion, se retrouve dans les lieux publics où les Finlandais gardent avec leurs voisins, dans le bus ou les espaces extérieurs, une distance physique. Ils plaisantent en me racontant que la fin de la Covid leur permet de revenir à la normale et d’observer à nouveau cinq mètres de distanciation sociale ! Comme nous l’avions vécu en Suède avec les jeunes lors de notre échange en 2019, les Finlandais ont le souci permanent de ne pas représenter une source de nuisance, ni d’être dérangés.
Les transports en commun, même aux heures de grandes affluences sont donc aussi calmes que la chapelle du silence ou l’église Temppeliaukio construite dans la roche. Les conversations se font sotto voce donnant l’impression d’observer un film muet. Je me dis alors que les périodes de ruptures sociales durant les longs mois d’hiver plongés dans la nuit ont contribué à façonner un repli sur sa personne, dans un calme qui leur procure sécurité et bien-être. Rester discret, ne pas se faire remarquer est certainement devenu un trait culturel, comme le rapport à la nature.
Cette dernière est omniprésente dans « le pays aux mille lacs ». En effet, rares sont les immeubles qui dépassent la taille des arbres, ce qui donne l’impression que la nature est partout. Le bois utilisé pour la construction des maisons traditionnelles est en harmonie avec un paysage vert et propre qui fait la réputation du pays qui a développé la sylviculture. Ces patrimoines culturels historiques s’expriment à travers des gestes du quotidien de Finlandais soucieux de leur bien-être et de leur santé. Ces habitudes ou traditions, comme la pratique du vélo, la passion pour les saunas et la gestion des déchets, contribuent à préserver la nature qui les entoure et à développer une conscience environnementale.
La force d’une telle visite d’étude réside dans l’incroyable opportunité de découvrir ces réalités sociétales à partir des engagements des associations rencontrées. Chaque organisation ou institution, agent public, manager, animateur, coordinateur, bénévole ou bénéficiaire m’a permis de découvrir les coulisses d’une société complexe.
Je reviens en France la tête remplie de visages et de témoignages, d’ingénierie de projets et d’organisations de travail, d’aménagements d’espaces dans les locaux, de programmes ambitieux développés pour faire face à ces défis contemporains.
L’éducation, les effets de la solitude sur la santé mentale, l’insertion, l’inclusion et la solidarité avec les familles réfugiées Ukrainiennes, l’accompagnement des jeunes, la lutte contre les discriminations, le lien social et le numérique… autant de domaines d’engagements structurés par nos amis des centres sociaux finlandais dont le modèle économique reste fragile.
KIITOS
MOURAD CHALAL PORTFOLIO
This portfolio provides examples of my work and enables potential partners and community friends around the world to see an in-depth summary of what we have accomplished.
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