Hämeenlinna prison

  • Date: 7 June 2022
  • Project: Fostering social justice

Hâmeenlinnan vankila

Il existe des expériences qui sont uniques mais que beaucoup de gens vivent et partagent. Celle-ci n’appartient pas à cette catégorie car la visite que nous avons effectuée est à la fois incroyable et n’aurait pas eu lieu sans la mobilisation des réseaux personnels du directeur de la fédération nationale finlandaise, Pentti LEMMETYINEN.

En effet, à quelques encablures du centre de Hämeenlinna, une ville de 70 000 habitants située à une heure de route au nord de la capitale Helsinki, se trouvent quelques centres pénitentiaires. Implantés dans des secteurs résidentiels, ces établissements se mêlent dans un voisinage direct avec les habitations classiques, entre forêt et lacs.

La prison pour femmes dans laquelle nous sommes accueillis est flambant neuve. Construite en 2020 juste à côté de l’ancien bâtiment qui sera détruit l’été prochain, ce lieu est à la fois surprenant mais surtout exceptionnel. Pour nous le faire découvrir, notre hôte et directeur de la prison, Johtaja T KÄRJENMÄKi, fait  preuve de pédagogie et prend le temps de répondre à chacune de  nos questions.

A deux ans de la retraite, cet homme d’une soixantaine d’années a passé 30 ans de sa vie professionnelle en prison dont vingt dans l’ancien établissement pour femmes avant d’intégrer ces nouveaux locaux.

La propreté des lieux détonne avec les images et représentations des prisons désuètes et surpeuplées que nous connaissons en France. Aux fenêtres, pas de barreaux ! Aux abords des unités, autour des bâtiments se dressent des clôtures mais qui ne cachent pas la vue sur la forêt que l’on voit des étages supérieurs. Les caméras de surveillance complètent un dispositif de sécurité assuré de l’intérieur par la présence de gardiens, qui de leur poste, peuvent suivre les activités des détenues dans les parties communes composées d’une cuisine et d’un salon commun. Ce dernier dessert les “cellules”  individuelles qu’occupent les prisonnières condamnées pour des peines maximales de six mois.

95 agents ont la charge de la sécurité de l’établissement d’une capacité de 100 détenues. Chacune possède un ordinateur, avec une connexion limitée à Internet, à partir duquel il est possible de commander de la nourriture. Il est aussi possible d’acheter dans les distributeurs des produits bien meilleur marché que dans un magasin classique et de les cuisiner, réelle alternative aux repas préparés par le centre militaire voisin. 

Parmi les espaces accessibles aux détenues on compte une bibliothèque, une “silent room” dans laquelle les personnes peuvent venir prier, un sauna, une salle de sport avec un gymnase ainsi qu’un atelier de couture. Installée derrière une machine à coudre, Hanna, une femme originaire de Malmö, échange quelques mots avec moi. Elle m’explique son travail et montre ses pièces destinées aux prisonnières. Elle explique qu’il ne leur est pas possible de réaliser d’autres tenues que des pantalons et des T-shirts car les robes pourraient dissimuler des objets, des bouteilles ou encore de la drogue. Prisonnière dans ces tenues imposées, elle explique qu’il est difficile de se sentir femme dans des vêtements d’hommes, sans maquillage ni soin.

Ces espaces de formations sont de véritables tremplin et opportunité pour le retour à la vie en liberté. Ces activités (espaces verts, couture, entretien) permettent à certaines détenues de se former durant leur peine et de trouver des débouchés à la sortie grâce au travail des équipes pédagogiques et techniques appartenant aux associations intervenant sur site.

Notre visite s’acheve avec la visite de la “Chapel of light” (chapelle de la lumière), décorée par un artiste local, et la rencontre avec la pasteure Hanna VETTENNIMIM. Quatorze ans plus tôt, cette femme dont le visage arbore un sourire rassurant et communicatif décida d’abandonner sa carrière de business woman  pour exercer au sein de la prison et y célébrer des mariages et baptêmes. Hanna nous explique que la musique joue un rôle très important en prison. L’organisation de concerts représente une forte demande des détenues qui grâce à la musique se lient plus facilement aux autres dans cet environnement multiculturel. La prison compte une minorité de détenues de nationalité étrangère. Selon les statistiques, quatre détenues sur dix retrouveront le chemin de la cellule. 

Avant de nous quitter, c’est autour d’une collation prise dans l’espace détente réservé au staff que le directeur nous remet à chacun un cadeau ; un mug sur lequel est reproduit le site de la prison. Un produit promotionnel d’une institution carcérale qui place la réintégration des prisonnières au cœur du projet d’autonomie et de responsabilité qu’accompagne cet établissement souvent décrié en Finlande.

acsa mourad chalal

MOURAD CHALAL PORTFOLIO

This portfolio provides examples of my work and enables potential partners and community friends around the world to see an in-depth summary of what we have accomplished.

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